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TOUJOURS LES SOUS-MARINS



Après être passé en zone libre, Lavallée se voit confier le commandement d'un fort de l'enceinte de Toulon, puis embarque en mars 1941 comme officier en troisième du HENRI POINCARE. Ce sous-marin de 1 500 tonnes est affecté à la division navale de l'A.O.F. et il exécute de nombreuses missions de surveillance du littoral, le long de la côte marocaine où l'on craint en effet des coups de main sur les ports.

Le 5 décembre, Lavallée change d'unité. II est maintenant second de l'ANTIOPE. Ce sous-marin beaucoup plus petit que le précédent - 600 tonnes et 64 mètres de long - possède huit tubes lance-torpilles et un canon.

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L'ANTIOPE, basé à Toulon avec l'ORPHEE, LA SYBILLE et l'AMAZONE, appartient au groupe de relève des sous-marins de l'Atlantique. II est prévu qu'elle rejoigne l'A.O.F. en février 1942. L'ANTIOPE n'y parviendra qu'en juin, retenue à Casablanca par une avarie.


Elle participe alors à des patrouilles et à l'escorte de convois entre ce port et Dakar. Elle est à Casablanca lors de l'attaque anglo-américaine en novembre 1942 d'où elle appareille le 8 avec l'AMAZONE pour participer aux opérations.


Poursuivant le combat aux côtés des alliés, et sous les ordres du commandant Millet, l'ANTIOPE quitte l'Atlantique au mois de mars 1943 pour retourner en Méditerranée.

"Nous sommes pris en charge par les britanniques. Ancré dans le port d'Alger, le navire ravitailleur «MAESTON» nous sert de mère-poule ; un officier du chiffre, un radio et un timonier sont embarqués, et nous voilà partis pour participer aux missions sur toute la côte Sud de la France, le golfe de Gênes, la Spezia, San Remo, Vintimille, la Corse, la Sardaigne. Les missions durent en moyenne 21 jours et sont très pénibles, missions pendant lesquelles nous vivons comme des robots, mangeant la nuit, dormant le jour, les postes de combat se succèdant sans arrêt et à la moindre alerte ou au moindre bruit ; le moral est toujours au beau fixe. En général les missions consistent à l'interception et au repérage des objectifs sur la côte occupée par l'ennemi. C'est un travail exténuant et dangereux qui demande de la part de notre commandant et de son second, des nerfs d'acier et un culot monstre, d'autant plus que notre bon vieux sous-marin commence à prendre de l'âge... toute la journée à la barbe des «boches», en plongée périscopique pour les repérages au ras de la côte, et la nuit au large pour récupérer un peu en surface et recharger nos accus.


"Au cours de l'une de ces promenades nocturnes, après un coup de semonce de notre bon vieux 75, nous interceptons un navire tout illuminé se disant de nationalité suisse... Piège, car le lendemain nous sommes repérés, poursuivis et grenadés par toute une meute de vedettes anti S.M., chasse pendant laquelle nous enregistrons l'explosion de 90 grenades qui nous font subir de gros dégâts à bord : périscope inutilisable, diesel droit en panne, une bouteille de C0.2 explose en batterie AR occasionnant un début d'asphyxie. Ce fut la plongée la plus terrible, qui dura 48 heures consécutives, alors que nous avions une autonomie de plongée de 12 heures seulement.


"L'alerte se produisit à 00 H 00 et l'attaque des vedettes, 10 minutes après (bien entraînées, ces vedettes, qui attaquaient de tous les bords). Nous naviguions par 30 mètres, 40 mètres, 50 et 80 mètres pour remonter rapidement à 20 mètres, virer à bâbord brusquement puis redescendre, tourner en rond pour essayer de nous camoufler ; toutes les manoeuvres les plus hardies ont été faites par notre commandant et par son second jusqu'à épuisement complet des hommes et du matériel ; les hommes tenaient, en serait-il de même du matériel ? Nous entendions le bruit de ces maudites hélices et à chacun de ces passages, la déflagration écrasante des grenades de 250 kg qui soulevait notre coque d'acier déjà très éprouvée... Que ces heures furent longues !

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