<< Chapitre 6

VERS LE SACRIFICE



« Depuis son arrestation, Lavallée a été sévèrement interrogé au siège de la Gestapo, avenue Foch. II n'a pas parlé. II est incarcéré à Fresnes, isolé et dans un secret que ses géôliers estiment absolu. II en sera ainsi tant que les Allemands seront satisfaits de leur manoeuvre d'intoxication.

« De crainte d'indiscrétion, il n'y aura pas de procès, il n'y aura pas de transfert en Allemagne. II en sera tout autrement après les succès alliés en Normandie.

« Après un séjour au camp de Royallieu, près de Compiègne en compagnie de Chaigneau et de plusieurs autres officiers des services spéciaux - dont Avallard victime avec d'autres de la trahison de Max de Wilde - Lavallée est transféré le 17 août 1944 au camp de Buchenwald.

« Là, il fait partie d'un groupe de 37 officiers français et anglais séquestrés dans le block 17. Le 16 septembre, 15 d'entre eux sont pendus sans explications et incinérés. Le 4 octobre 1944 à l'appel du soir (19 heures), douze autres dont Lavallée, reçurent l'avis d'avoir à se présenter le lendemain à 6 heures à la pancarte 5, rasés et coiffés.

« Chacun savait que la pancarte 5 signifiait la mort.

... « Leur grande préoccupation n'était pas de mourir, mais de savoir s'ils seraient pendus ou fusillés » ... témoigne le prêtre qui les confessait.

Le 5 octobre 1944 les exécutions commencèrent à 14 heures dans le stand de tir. Elles eurent lieu à la mitraillette jusqu'à 16 heures.


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... « On entendait les cris répétés de «VIVE LA FRANCE» ... et le prêtre témoin (1) conclut sa lettre du 17 avril 1945 à madame Lavallée, la mère du martyre : ... « Je vous plains d'avoir perdu votre fils. Je suis un des mieux placés pour savoir ce que vous perdez. J'ai vu de près le courage et l'esprit de sacrifice de ces hommes. Comme chrétien, comme prêtre, comme français, je vous dis que vous pouvez être fière. Moi, je suis fier d'avoir été près de lui. Tous les jours je prie, plein de reconnaissance, car c'est au prix de semblables sacrifices que la France a été sauvée et se relèvera. Vous ajouterez, madame, le poids de votre peine à celui de son sacrifice et votre douleur pèsera dans la balance divine.

(1) - G. Stenger, chanoine honoraire de Nancy, Toul et Metz.

« A vous, madame, comme à votre enfant regretté, je ne puis m'empêcher de dire merci ... ».

Il allait avoir trente et un ans.
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Cette feuille, confiée à un prêtre détenu, a été remise à Madame Lavallée après la guerre.

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